Afrique – La traite arabo-musulmane


Bonjour lectrices et lecteurs du monde, alors aujourd’hui je vais parler de l’esclavage.
Tout le monde parle de la colonisation par les européens (Traite transatlantique) sur les peuples africains, mais beaucoup font l’impasse sur traite arabo-musulmane.
Il faut comprendre que les Arabes ont razzié l’Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d’hommes qu’ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains.
Aussi aujourd’hui je voudrais dresser un pont entre les douleurs du passé et les consciences d’aujourd’hui.

L’esclavage en terre d’islam (de 622 au XXe siècle)
Après la mort du prophète Mohamet et la soumission de la péninsule arabe, les musulmans ont conquis les rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Multipliant les prises de guerre, ils ont prolongé dans ces régions l’esclavage à la mode antique. Ils ont inauguré aussi une longue et douloureuse traite négrière qui a saigné l’Afrique noire jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Dans les premiers temps de l’islam, les notables de Bagdad s’approvisionnent en esclaves blancs auprès des tribus guerrières du Caucase mais aussi auprès des marchands vénitiens qui leur vendaient des prisonniers en provenance des pays slaves.
Ils prenaient soin de les castrer avant de les livrer à leurs clients.

À la fin du Moyen Âge, comme le vivier slave s’épuisait du fait de la christianisation de l’Europe orientale, les musulmans se sont tourner vers les pirates qui écumaient la Méditerranée. Ces derniers effectuaient des razzias sur les villages côtiers des rivages européens, y compris même dans l’océan Atlantique jusqu’aux limites du cercle polaire.
En 1627, des barbaresques algérois ont lancé un raid sur l’Islande et ont ramené 400 captifs. Le souvenir des combats livrés par les habitants à ces pirates perdure dans… la tête de prisonnier maure qui sert d’emblème à la Corse.
On évalue à plus d’un million le nombre d’habitants enlevés en Europe occidentale entre le XVIe et le XVIIIe siècle, au temps de François Ier, Louis XIV et Louis XV. Ces esclaves, surtout des hommes, sont exploités de la pire des façons dans les orangeraies, les carrières de pierres, les galères ou encore les chantiers d’Afrique du nord. Des organisations chrétiennes déploient beaucoup d’énergie dans le rachat de ces malheureux. En Europe orientale et dans les Balkans, pendant la même période, les Ottomans prélèvent environ trois millions d’esclaves. Mais la traite des esclaves blancs a rapidement buté sur la résistance des Européens, il n’en a pas été de même du trafic d’esclaves noirs en provenance du continent africain.

Ce trafic n’a cessé dès lors de s’amplifier. Les spécialistes évaluent de douze à dix-huit millions d’individus le nombre d’Africains victimes de la traite arabe au cours du dernier millénaire, du VIIe au XXe siècle. C’est à peu près autant que la traite européenne à travers l’océan Atlantique, du XVIe siècle au XIXe siècle.
Le sort de ces esclaves, razziés par les chefs noirs à la solde des marchands arabes, est dramatique. Après l’éprouvant voyage à travers le désert, les hommes et les garçons sont systématiquement castrés avant leur mise sur le marché, au prix d’une mortalité effrayante.

La traite arabo-musulmane, aussi appelée traite orientale, a duré du VIIᵉ au XXᵉ siècle et a concerné des millions de personnes, principalement originaires d’Afrique subsaharienne, mais aussi d’Europe de l’Est, du Caucase et du sous-continent indien. Contrairement à la traite transatlantique, elle s’est étendue sur une période bien plus longue et a alimenté les marchés d’esclaves du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, de la péninsule Arabique et de l’océan Indien.
Si elle est peu invoquée, c’est à cause de :
1 – Tabous culturels et religieux : dans le monde arabo-musulman, évoquer cette histoire est souvent perçu comme une attaque identitaire ou religieuse.
2 – Silences académiques : certains chercheurs ont longtemps minimisé ou évité le sujet, parfois par crainte de stigmatiser ou de perdre l’accès à leurs terrains de recherche.
3 – Mémoire sélective : en Europe, la focalisation sur la traite transatlantique s’inscrit dans une dynamique de repentance post-coloniale, tandis que d’autres formes d’esclavage sont reléguées au second plan.
Et pourtant, les chiffres sont vertigineux : selon l’historien Ralph Austen, environ 17 millions de personnes auraient été déportées dans le cadre de cette traite.
Certains esclaves ont pu accéder à des fonctions élevées (juges, imams, soldats comme les Mamelouks), mais la majorité a connu des conditions de vie extrêmement dures.

Oui, c’est vrai, c’est un aspect complexe et souvent dérangeant de l’histoire de la traite négrière puisque certains chefs africains ont participé à la vente d’êtres humains, y compris parfois de groupes proches ou apparentés.
Mais il faut replacer cela dans le contexte de l’époque.
Avant l’arrivée massive des marchands arabo-musulmans puis européens, l’esclavage existait déjà en Afrique sous des formes variées :
– prisonniers de guerre
– sanctions judiciaires
– intégration dans des systèmes sociaux hiérarchisés.
Ce n’était pas toujours un esclavage de type « plantation » comme dans les colonies, mais il impliquait tout de même une perte de liberté.
Avec la montée en puissance du commerce triangulaire et de la traite orientale, la demande d’esclaves a explosé, et certains chefs ont vu là une opportunité de renforcer leur pouvoir ou leur richesse. Ils échangeaient des captifs contre des armes, des tissus, de l’alcool ou d’autres biens précieux. Cela a parfois conduit à des guerres entre royaumes africains, motivées par la capture de prisonniers à vendre. L’anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye parle même d’une « complicité objective » de certains monarques africains dans ce système. Cela ne signifie pas que tous les Africains étaient complices, beaucoup ont résisté, et d’autres ont été eux-mêmes victimes de razzias.

Ma Conclusion est donc la suivante :
Reconnaître la traite arabo-musulmane, au même titre que la traite transatlantique, ce n’est pas chercher de nouveaux coupables, ni réécrire l’histoire à rebours. C’est simplement rendre justice à une mémoire trop longtemps ignorée, et permettre à chacun de comprendre que l’esclavage fut un fléau universel, traversant les continents, les cultures et les siècles, et l’histoire ne doit pas être parsemée de manques, elle s’écrit du début à la fin, pas juste un morceau où les esprits se focalisent ! Dans un monde où les conflits se multiplient, où les mémoires s’entrechoquent, oser regarder l’histoire dans toute sa complexité est un acte de paix. Car c’est en acceptant nos parts d’ombre communes que nous pouvons bâtir un avenir plus lucide, plus juste, et peut-être, un peu plus fraternel.
Voilà chers(es) lectrices & lecteurs, ce sera tout pour aujourd’hui, je vous retrouverais demain, mais pour le moment je vous souhaite un agréable mardi remplit de sérénité et de paix pour vous et les vôtres.
Les images posées sur cet article ne sont pas ma propriété, ni celles du site.
Paola

A propos Paola

Mon pseudo "Kaki Sainte Anne" Ecrivaine, mais je suis Béatrice Vasseur et je signe tous mes articles ici sous le nom de "Paola" mon second prénom
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