Au Vénézuela





Il n’y a pas qu’en Afrique que la liberté de la presse est bafouée, en effet au Vénézuela, Jurate Rosales, 87 ans, directrice de l’hebdomadaire Zeta, a été convoquée par un tribunal de Caracas pour une plainte pénale, le 31 octobre dernier.

jurate-rosales2Son crime ? Avoir publié dans le quotidien El Nuevo Pais, du même groupe de presse, le résumé d’une dépêche de l’agence Bloomberg sur l’entreprise pétrolière d’Etat PDVSA, au bord de la faillite. Dès le dépôt de plainte pour diffamation par la direction de PDVSA, le 12 octobre, Jurate Rosales a été interdite de quitter le territoire national. Peine perdue, car elle se rend à son bureau chaque jour et traverse tout Caracas, de l’est résidentiel jusqu’au centre-ville, « zone rouge », bastion du pouvoir chaviste, où les opposants ne sont pas les bienvenus. « Nous avons songé à déménager, admet-elle, mais la rotative et nos rédactions se trouvent ici depuis des lustres et les voisins nous apprécient, nous protègent, même. »

Le patron du groupe, Rafael Poleo, est en exil à Miami. L’immeuble offre une image de désolation, car le nombre de rédacteurs a fondu, même parmi les jeunes, qui n’ont pourtant pas beaucoup d’autres options. La peur n’est sans doute pas étrangère à leur décision, parce que l’intimidation est fréquente. Ainsi, le député et ancien ministre des relations extérieures, Elias Jaua, a menacé de tuer un journaliste s’il le croisait dans la rue. Il lui reproche d’avoir révélé un voyage à Brasilia de la famille Jaua au complet, nounou incluse, aux frais du contribuable. On voit bien finalement que la corruption existe partout dans le monde !!

A Caracas, en 2015. Marco Bello/Reuters

A Caracas, en 2015. Marco Bello/Reuters

Révéler les turpitudes du régime est passible des tribunaux, ce qui a pour résultat de tuer dans l’œuf toute velléité de faire du journalisme d’investigation. D’ailleurs, les rédactions n’en ont plus les moyens. El Nuevo Paisest réduit à huit pages, la revueZeta à 34, sans aucune publicité, car les annonceurs encourent aussi des représailles du pouvoir, à l’heure où les militaires contrôlent les principaux leviers de l’économie. « Nous sommes à court de papier et d’encre, nous avons été obligés de réduire la couleur à la portion congrue », déplore Jurate Rosales. Les synthèses de dépêches alternent avec des chroniques non rémunérées. L’impression de grisaille saute aux yeux, mais les lecteurs restent fidèles à leur journal.

Beaucoup de journaux dans ce pays on jeté l’éponge et ont fermé partiellement en n’éditant qu’une seule fois par semaine. Le propriétaire du quotidien El Nacional, Miguel Henrique Otero est en exil afin d’éviter la prison tandis que le directeur de la rédaction, Argenis Martinez, fait l’objet d’une mesure de « confinement » il lui est même interdit de se déplacer pour aller voir sa famille !!!!

maduro20112014Seule la chaîne américaine CNN en espagnol rétablit un tant soit peu l’équilibre, ce qui explique les pressions à l’encontre de ses reporters et des journalistes étrangers de manière générale (dix-sept expulsés en deux mois et demi). Certains sujets font l’objet d’une censure systématique. Ainsi, la plupart des Vénézuéliens ignorent tout de l’affaire dite des « narco-neveux », jugée actuellement en Floride : des proches du président Maduro ont trempé dans le trafic de drogue pour financer la campagne électorale de son épouse, la députée Cilia Flores.

Le blocage de l’information est rompu uniquement par les réseaux sociaux et par des sites sur Internet, qui regroupe des jeunes enthousiastes autour de trois journalistes expérimentées, qui partagent un local avec d’autres start-up. Mais les autorités ont déjà bloqué un millier de pages Web, selon des sources officielles. Le 17 novembre, des hommes armés et masqués ont attaqué la rédaction de El Estimulo, à Caracas, et volé tout le matériel.

telechargement-42Le pouvoir agit de manière discriminatoire et discrétionnaire. « Nous n’avons jamais obtenu gain de cause auprès de la justice », déplore Carlos Correa, dont l’association défend les journalistes. Le président Nicolas Maduro fait partie des prédateurs de la liberté de la presse dénoncés par Reporters sans frontières. Jurate Rosales n’est pas surprise. Vénézuélienne d’origine lituanienne, sa famille a connu la répression stalinienne. Autant dire qu’elle ne croit pas au « socialisme du XXIe siècle » prôné par l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), sous l’influence de Fidel Castro. En matière de liberté de la presse, Cuba n’est vraiment pas un exemple !! On devrait méditer tous là dessus et relayer des  infos quand elles passent par nous, cela éviterait aux personnes concernées de ne pas se sentir isolées du monde !! Paula



A propos Paola

Mon pseudo "Kaki Sainte Anne" Ecrivaine, mais je suis Béatrice Vasseur et je signe tous mes articles ici sous le nom de "Paola"
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