Etant donné que rien ne filtre sur les médias français, que ce soit chaînes de télévision ou journaux régionaux ou locaux, rien on ne sait rien de se qui se passe au Cameroun… Par contre sur les réseaux sociaux les langues délient à toute vitesse, les uns pour dire qu’il y a pas de cris, les autres pour dire qu’on tue des anglophones. J’apporte juste une précision, beaucoup de personnes ne savent pas que le Cameroun est divisé en deux parties, le côté francophone et le côté anglophone, c’est comme si en France il y avait au dessus de la Loire les nordistes et au dessous les sudistes, mais que l’on soit d’un côté ou de l’autre du Cameroun, ils sont tous camerounais et nous, d’un côté ou de l’autre de la France, nous sommes tous français !!
La crise a commencé en octobre 2016, la minorité anglophone camerounaise qui représente environ 20 % des 22 millions de Camerounais, répartie dans deux régions sur les dix que compte le pays, protestait dans la société contre Paul Biya et son gouvernement car elle s’estimait marginalisée. … Il faut rappeler que le dimanche 1er octobre 2016, 17 personnes ont été tuées par les forces de sécurité en marge de manifestations, dans plusieurs villes anglophones selon Amnesty International.
Mais quelles sont les raisons profondes de cette crise ? Il faut remonter après la Première Guerre mondiale, où le Cameroun, alors colonie allemande, est partagé par la Société des nations (la SDN, ancêtre de l’ONU) entre la France et la Grande-Bretagne. Quatre cinquième du pays sont placés sous tutelle française, la Grande-Bretagne hérite de la partie occidentale bordant le Nigeria. Le 1er janvier 1960, la partie francophone obtient son indépendance et devient la République du Cameroun. Un an plus tard, à l’issue d’un référendum, une partie du Cameroun sous tutelle britannique (Northern Cameroon) réclame son rattachement au Nigeria, tandis que l’autre partie (Southern Cameroon) se prononce en faveur de son rattachement à l’ex-Cameroun francophone.
Ces deux entités, la partie francophone et la Southern Cameroon, forment alors une République fédérale à partir du 1er octobre 1961. En 1972, le président Ahmadou Ahidjo décide de supprimer les deux États fédérés pour faire place à un seul État, avec une seule Assemblée nationale, et proclame la République unie du Cameroun. Dix ans plus tard, l’actuel président Paul Biya accède au pouvoir et prend alors de nouvelles mesures favorisant le centralisme. Le 22 août 1983, il divise la région anglophone en deux provinces : Nord-Ouest et Sud-Ouest. L’année suivante, il abandonne le terme “unie” à la République du Cameroun et supprime la seconde étoile sur le drapeau, qui représentait la partie anglophone, à mon humble avis il aurait dû s’abstenir de le faire !!!
La naissance des mouvements anglophones dans les années 90, la restauration du multipartisme fait naître le plus grand parti d’opposition, le SDF, basé dans les régions anglophones et la centralisation s’est poursuivie. Les anglophones ont davantage perdu en poids politique à l’échelle nationale. En 2017, sur 36 ministres avec portefeuille, un seul est anglophone”, constate le Crisis Group dans un rapport intitulé “Cameroun : la crise anglophone à la croisée des chemins”. Écartés de l’échiquier politique national, les anglophones se sentent lésés sur le plan économique, un secteur pourtant dynamique. “L’unification laisse un sentiment de régression économique dans la partie anglophone au profit des investissements dans la partie francophone”, d’après le centre de recherche international.
Les tensions actuelles ont débuté en octobre 2016 dans la ville de Bamenda, le chef-lieu du Nord-Ouest du Cameroun, par une grève des avocats. Leur revendication ? La traduction en anglais du Code de l’organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) et d’autres textes de lois votés à l’Assemblée. Personnellement je crois que cela aurait été normal, puisque les deux côtés parlent les deux langues (français & anglais) sans compter les dialectes camerounais !!! Un mois plus tard, c’était au tour des enseignants de cesser le travail pour s’ériger contre la nomination de francophones dans les régions anglophones.
Et là on a vu des scènes de violences par les forces de l’ordre qui frappaient les étudiants …..(voir vidéo)Université de Buéa: les forces de l’Ordre Camerounaises torturent des étudiants soupçonnés d’avoir participé à une manifestation estudiantine pour revendiquer leurs droits.
Ces mouvements de grève, jusqu’alors contenus au Nord-Ouest, se sont propagés au Sud-Ouest et se sont mués en crise politique, exacerbée en début 2017 avec une coupure d’Internet de trois mois imposée par le pouvoir. Et là à mon avis, c’étais pour empêcher que les informations circulent puisque les médias n’en parlaient toujours pas ! Rappelons pour infos que en 2017, le classement mondial sur la liberté de la presse établi chaque année par Reporters sans frontières situe le Cameroun au 130e rang sur 180 pays. La presse écrite et les médias audiovisuels y sont florissants, mais sous la menace permanente d’une fermeture. L’accusation vague de « terrorisme » ouvre la voie aux arrestations arbitraires et pourrait conduire des journalistes devant les tribunaux militaires, selon une nouvelle loi anti-terroriste
Les leaders de la contestation demandent en majorité un retour au fédéralisme et, pour une minorité, l’indépendance et la proclamation d’un nouvel État qu’ils appellent l'”Ambazonie”. “Le gouvernement a totalement perdu le contrôle”, estime Hans de Marie Heungoup, chercheur sur le Cameroun du Crisis Group, qui affirme que des drapeaux “ambazoniens” ont été hissés dans des postes de gendarmerie et de police. L’exécutif, emmené par le président Paul Biya depuis la Suisse et son Premier ministre, anglophone, Philemon Yang opposent une fin de non-recevoir aux revendications des manifestants. Yaoundé a pris des mesures fortes pour tenter de juguler cette crise : couvre-feu instauré dans les deux régions anglophones, interdiction des réunions de plus de quatre personnes dans l’espace public, des déplacements entre les localités et accès limité à Internet.
“Le Cameroun, qui fait face à Boko Haram dans l’Extrême-Nord et aux miliciens centrafricains à l’est, doit éviter l’ouverture d’un nouveau front potentiellement déstabilisateur. Une aggravation du problème anglophone pourrait affecter les élections générales prévues en 2018. Surtout, elle pourrait déclencher des revendications sur l’ensemble du territoire et une crise politique de plus grande ampleur”, prévient le Crisis Group qui préconise “des réformes institutionnelles pour remédier aux problèmes profonds dont la question anglophone est le symptôme”. “La crise anglophone est à la fois un problème classique de minorité et reflète des problèmes plus structurels”, estime l’ONG.
Je condamne de façon énergique tous les actes de violence, d’où qu’ils viennent, quels […]: https://t.co/BNpDEFsGCl #PaulBiya #Cameroun pic.twitter.com/WprBoQmNLQ
— President Paul Biya (@PR_Paul_Biya) 1 octobre 2017
Dans un souci d’apaisement, le président a condamné “de façon énergique tous les actes de violence, d’où qu’ils viennent, quels qu’en soient les auteurs” et appelé au dialogue, mais il est un peu tard pour cela. Et si actuellement il condamne la violence, pourquoi ne l’a t’il pas fait avant, sachant qu’il l’a fait sur son compte Twitter qu’un an après ? Au début de cette crise au lieu de l’apaiser, il a envoyé des “fantoches” qui ont privilégié la force plutôt que le dialogue et à mon avis le monde doit le savoir…. Les élections cette année approchent n’est-ce pas ? Il s’agit pour les camerounais de se poser les bonnes questions !! Alors si les médias qu’ils soient camerounais, français ou européens ne dénoncent pas, nous Rétro & Perspectives d’Afrik nous en parlons grâce à nos contacts sur place à Yaoundé, Douala ou Bamenda ! Paola