France – La grande grève de 1968







Tout à commencé par la colère des étudiants. Le Mouvement du 22 Mars, prenant le relais de la contestation menée par de petits groupes tels les anarchistes, les situationnistes et les enragés de René Riesel, se fait connaître ce jour-là en occupant la salle du conseil au dernier étage du bâtiment B, la tour administrative de la faculté de Nanterre. Sa principale revendication est la protestation contre des arrestations d’étudiants opérées deux jours plus tôt lors d’une manifestation contre la guerre du Viêt Nam. Le , une journée « anti-impérialiste » est organisée à l’université de Nanterre, conduisant notamment à l’interruption d’un cours de René Rémond. Le doyen Pierre Grappin décide alors la fermeture administrative de la faculté, ce qui provoque la diffusion du mouvement de contestation, dès le lendemain, au Quartier latin et à la Sorbonne, et le début, proprement dit, de Mai 68. Le  président du conseil de l’université, requiert les forces de police pour « rétablir l’ordre en expulsant les perturbateurs ». La Sorbonne est évacuée par une intervention musclée. Dans la soirée, des centaines d’étudiants affrontent violemment les forces de l’ordre. 574 personnes sont arrêtées, La journée d’émeute du 03 mai 1968 fait 481 blessés à Paris : 279 étudiants et 202 policiers

Le 6 mai, huit étudiants de Nanterre, sont convoqués par le rectorat en commission disciplinaire soutenus par les professeurs de Nanterre qui les accompagnent alors en soutien ! Les étudiants réagissent aussitôt par des manifestations violentes contre les forces de l’ordre : jets de pavés, puis barricades. Ces manifestations reprennent ensuite à l’annonce de peines de prison pour les manifestants, pendant lesquelles commencent à fleurir les slogans libertaires. Bilan : plus de 300 policiers blessés et 422 arrestations. Des manifestations de soutien aux étudiants parisiens ont lieu à Strasbourg et à Brest, tandis qu’au contraire à Dijon plusieurs centaines d’étudiants défilent avec entre autres comme slogan « Pas de Nanterre à Dijon »

10 mai 1968 ! Après une manifestation qui a rassemblé en fin d’après-midi 12 000 personnes (selon la police), dans la nuit du 10 au 11 mai, des étudiants et des lycéens occupent le Quartier latin et dressent plusieurs dizaines de barricades qui sont finalement prises d’assaut, à partir de deux heures du matin, par 6 255 policiers. Au petit matin, le spectacle est saisissant : 125 voitures détériorées, 63 incendiées, des rues dévastées et dépavées, comme après une scène de guerre, 247 policiers blessés, sans compter au moins une centaine de manifestants « dont le nombre est impossible à déterminer, la plupart ne s’étant pas fait connaître ». Au total, 469 personnes sont interpellées !

Face à la répression policière, la population (y compris les professeurs) a tendance, depuis les premiers jours, à éprouver majoritairement plutôt de la sympathie pour les étudiants. À l’aube, syndicats et partis appellent à une démonstration de solidarité pour le surlendemain. Les professeurs de Nanterre sont plutôt favorable à la manifestation estudiantine ! À Strasbourg la faculté de lettres est occupée ; à Aubagne les collégiens se mobilisent, revendiquant notamment la présence de délégués dans les conseils de discipline et conseils de classe ; à Marseille 2 000 lycéens se placent à l’entrée de la faculté de sciences. Le 11 mai, de retour d’Afghanistan, le Premier ministre Georges Pompidou cède aux revendications du SNESup et de l’UNEF et ordonne la réouverture des universités

Le lundi 13 mai, une immense manifestation composées de lycéens, d’étudiant et de grévistes ouvriers et employés venus de toute la France traverse Paris. Au milieu de l’après midi toutes les artères principales situées dans un polygone Gare de l’Est, Gare du Nord, Bonne Nouvelle, Châtelet, Bastille, République sont pleines des manifestants. Le syndicat CFDT parle d’un million de manifestants. Les estimations les plus sérieuses (surface occupée par la foule des manifestants) font état de 500 000 personnes. La préfecture de police en dénombre 230 000, mais l’ORTF en annonce 171 000

Les syndicats, avec en tête la CGT, espèrent, avec cette manifestation symbolique, empêcher que les troubles dans le milieu universitaire ne contaminent les ouvriers ; ils voient d’un mauvais œil la montée en puissance de ce mouvement spontané et incontrôlable par eux et qui n’obéit pas aux slogans habituels. Finalement, l’enterrement espéré par les syndicats débouche sur une crise qui devient politique et sociale, à la suite de la politisation de la Sorbonne, rouverte sur ordre de Pompidou, qui se transforme en université populaire et devient, de façon éphémère, le foyer central de la contestation, mais surtout à partir du débrayage général qui commence le 14 mai à l’usine Sud-Aviation à Bouguenais puis s’étend petit à petit à tout le pays. L’appel également lancé de la Sorbonne le 16 mai par le comité d’occupation pour l’occupation immédiate de toutes les usines en France et la formation des conseils ouvriers suscite les craintes des autorités (communiqué de 19 heures de Pompidou !

Sans mot d’ordre aucun, et à la surprise des responsables de chaque camp, la grève générale symbolique prévue pour le 13 mai ne s’arrête pas à ce jour-là. Le mouvement ne fait au contraire que s’étendre rapidement dans les jours qui suivent : c’est la première grève générale sauvage de l’Histoire. C’est aussi la première fois qu’une grève générale paralyse un pays parvenu au stade de la société de consommation. Des grèves et avec occupations d’usine spontanées se multiplient. La première a lieu à l’usine Sud-AviationBouguenais (44) le 14 mai avec 2 682 salariés ; il s’agira à la fois du premier et du plus long des mouvements ouvriers de Mai 68, prenant fin le 14 juin.

Le 22 mai, dix millions de salariés ne travaillent pas (en grève ou empêchés de travailler). Les syndicats débordés dans le déclenchement de cette grève spontanée reprennent petit à petit la tête du mouvement. L’acceptation par les « grévistes sauvages » de l’autorité de leurs syndicats de tutelle immobilise la grève dans une situation de statu quo qui perdure jusqu’au 30 mai. De la sorte, les portes des usines se referment devant les manifestations des étudiants venus défiler à Billancourt, au grand dam des « gauchistes » qui rêvent d’une union sacrée entre intellectuels et ouvriers. Mais les ouvriers eux-mêmes se méfient de ces étudiants qu’ils identifient à la classe montante de leurs dirigeants actuels. Cependant, les syndicats, par cette action, n’isolent pas seulement les ouvriers des influences « petites-bourgeoises » des étudiants mais aussi des autres travailleurs d’autres entreprises et empêchent, de la sorte, qu’ils se reconnaissent ainsi des intérêts communs dans cette lutte. Quoi qu’il en soit, leurs revendications du moment ne peuvent en aucun cas être alignées sur les revendications typiques des grèves classiques lancées par la CGT ou la CFDT. Certaines restent, certes, traditionnelles par certains côtés (augmentation des salaires, meilleures conditions de travail) mais d’autres sont nouvelles : il s’agit en effet de revendications qualitatives (autonomie, responsabilité du salarié, forme de cogestion des entreprises, etc.).

On découvre des attitudes personnelles surprenantes, comme celle du député Valéry Giscard d’Estaing allant seul à l’aube à la rencontre des ouvriers de Billancourt qui occupent leur usine. De son côté, Jacques Chirac est mandaté par Pompidou pour aller rencontrer clandestinement les syndicats afin de préparer les futures négociations, les syndicats étant, il est vrai, les seuls à encore tenir à peu près le pays alors que l’autorité de l’État est devenue pratiquement inexistante, et le gouvernement de l’Élysée complètement fantoche (témoignage de Michel Jobert). Henri Krasucki est rappelé, un soir, à son domicile par Chirac pour aller récupérer une manifestation qui se dirige dangereusement vers l’Élysée.

La situation étant visiblement trop dangereuse pour le PCF, avec notamment la nuit du 24 mai qui a pris un tour insurrectionnel, le parti, par l’intermédiaire des syndicats, accueille avec bienveillance la proposition de Pompidou de concertation pour obtenir au plus vite (mais pas à n’importe quelle condition), par la concession d’avantages quantitatifs, des travailleurs la reprise du travail. Les accords de Grenelle, négociés entre Georges Pompidou, le patronat et les syndicats, laissent croire un moment à la reprise du travail en échange d’une fournée d’acquis sociaux. Les acquis envisagés sont sans précédent depuis la Libération, voire depuis les accords Matignon du , mais aussi sans commune mesure avec ces mêmes accords, ceux de Grenelle étant plus à même d’être remis en cause que ceux de 36 : droit syndical dans l’entreprise, augmentation du SMIG de 35 %, paiement des jours de grève à 50 %

Le 30 mai de Gaulle fait un discours offensif : il annonce qu’il ne se retire pas et qu’il ne change pas de Premier ministre. Il organise des élections législatives anticipées « à moins qu’on entende bâillonner le peuple français tout entier en l’empêchant de s’exprimer en même temps qu’on l’empêche de vivre, par les mêmes moyens qu’on empêche les étudiants d’étudier, les enseignants d’enseigner, les travailleurs de travailler ».Le 31 mai, l’essence revient dans les stations-services et la presse rapporte que des chars convergent vers Paris et que des unités en armes se regroupent au camp de Frileuse. La police et l’armée reprennent possession d’émetteurs de l’ORTF occupés. Avec le recul des années, les événements de mai-juin 1968 apparaissent comme une rupture fondamentale dans l’histoire de la société française, matérialisant l’abandon de l’ordre ancien séculaire marqué par le poids de l’autorité, de la famille, de la morale et de la religion, et l’avènement de la société post-moderne. (Source Wikipédia) Mot perso, il est évident que l’union fait la force, ne pas oublier que les “nantis” s’enrichissent sur le dos des travailleurs et qu’il n’est que justice que de réclamer son droit par n’importe quel moyen pour faire plier les puissants ! Paola





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Mon pseudo "Kaki Sainte Anne" Ecrivaine, mais je suis Béatrice Vasseur et je signe tous mes articles ici sous le nom de "Paola"
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