RDCongo – Changement qui prend son temps

Bonjour à toutes & tous, nous allons commencer cette journée de vendredi avec une info du journal Le Point. L’éclatement de la coalition formée par Joseph Kabila et Félix Tshisekedi a ouvert une séquence d’espoir dans les jeux politiciens semblent contrarier.

Élu dans des circonstances compliquées, longtemps considéré comme un héritier en politique, Félix Tshisekedi n’a cessé de chercher les voies et moyens d’affirmer son pouvoir, de s’émanciper et de se faire un prénom. Il y a à peine deux ans, l’ex-opposant s’évanouissait un court instant lors de son discours d’investiture le 24 janvier 2019, sous l’effet de l’émotion, d’une chaleur intense et d’un lourd gilet pare-balles qu’il n’avait pas l’habitude de porter. « Je m’en excuse auprès du président de la République », lançait-il après avoir repris ses esprits sous le regard impassible de son prédécesseur, Joseph Kabila, qui lui remettait ce jour-là dans une accolade les symboles du pouvoir, première transition sans effusion de sang au Congo. A peine deux ans plus tard, alors que Félix Tshisekedi est en train de renverser les fondations de cette alliance inédite dont l’un des derniers épisodes, soit la mise à l’écart du président de l’Assemblée nationale, se joue dans les prochains jours, l’heure est au bilan. Et, du côté des Congolais, il est plutôt sévère.

« Nous sommes plus que déçus. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer avec ce pouvoir qui déclarait travailler pour sortir le peuple de la misère mais qui est, au contraire, à la solde de quelques individus qui s’enrichissent nuit et jour », s’agace Thierry Mbumba, chauffeur de taxi-bus de 41 ans, rencontré à Kinshasa. Et Omer Kitebe, 32 ans, enseignant, d’asséner, un brin défaitiste : « Rien de bon ne viendra du régime de Félix Tshisekedi. Tout est sombre, chers compatriotes, patientons seulement. » Autant dire que les Congolais sont las, de l’immobilisme dans la marche des affaires de l’État, de ce développement qui prend son temps, de la vraie fausse rupture du président Tshisekedi avec son ancien allié Kabila, enfin du rapprochement incertain autour de « l’union sacrée » de la nation avec les anciens alliés que sont Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi.

Alerté par la dégradation de la situation sociale des populations, Félix Tshisekedi a annoncé en décembre dernier la fin de la coalition au pouvoir FCC-CACH pour créer « l’union sacrée » des forces vives politiques et sociales en vue de la refondation de l’action gouvernementale. Pour ce faire, le chef de l’État a lancé des consultations tous azimuts et, dernièrement, on l’a vu faire appel à d’anciens alliés tels que Moïse Katumbi ou Jean-Pierre Bemba et même à une frange des partisans de l’ancien régime. Mais, à y regarder de plus près, cette union sacrée tant recherchée semble déjà céder la place au partage du pouvoir. Et c’est Jean-Marc Kabund, le député et président de l’UDPS, le parti de Tshisekedi, qui a laissé filtrer l’information selon laquelle les deux opposants Katumbi et Bemba tentent d’obtenir des postes clés, dont la primature et la présidence de l’Assemblée nationale. « Je ne peux pas comprendre qu’ils proposent pareille chose et leur ai dit que c’est impossible. Vous êtes venus tuer l’union sacrée », a-t-il déclaré lors d’une réunion avec des députés. Ces déclarations ont enflammé le pays et douché les espoirs qu’a suscités l’annonce de la rupture de la coalition au pouvoir. « Que ce soit cette vaste escroquerie de l’union sacrée ou la coalition FCC-CACH, le peuple n’a pas sa part. C’est juste un changement de nom, mais le contenu reste le même, le partage du pouvoir entre politiques ou amis », analyse Luc Bolo, diplômé et vendeur ambulant dans la capitale. Éric Nsenga, porte-parole de l’Église du Christ au Congo (luthérien), reste pour sa part optimiste sur la réussite de l’union sacrée : « Si chacun garde un regard positif, éloigné de la haine, de l’orgueil, de l’égoïsme, du triomphalisme, des calculs personnels, l’union sacrée peut servir de nouveau départ pour la RDC. Le secret, c’est d’en donner un contenu idéologique », a-t-il tweeté.

Chantre de l’État de droit et de la bonne gouvernance, Félix Tshisekedi sait qu’il est attendu au tournant. Avant son assaut contre la majorité parlementaire pro-Kabila, il a écarté des piliers du système sécuritaire, le patron des renseignements Kalev Mutond et l’inspecteur général des armées John Numbi. Désormais, pour faire basculer la majorité en sa faveur, Félix Tshisekedi n’hésite pas à faire preuve de fermeté. « On a assisté ces derniers jours à des scènes ubuesques où le pouvoir en place, pour faire basculer la majorité en sa faveur, a débauché les élus à coups de billets de banque et de promesses de postes prestigieux dans le prochain gouvernement », dénonce Junior Wombe, partisan de Martin Fayulu.

L’opposant, qui n’a pas pris part aux consultations commencées par Félix Tshisekedi, ne dit pas autre chose. « Je vous appelle au discernement et vous invite à ne pas vous laisser berner par de petites guéguerres de positionnement servies par ceux qui ont confisqué votre souveraineté. Ces derniers ont opté pour la théâtralisation à choix raisonné et la manipulation afin de mettre en scène un divorce politique à vos yeux, alors qu’ils affirmaient il y a peu qu’il n’y avait pas crise en RDC. En réalité, ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est rien d’autre qu’une tentative de faire subtilement oublier le bilan négatif des deux dernières années par la mort nominale de la coalition FCC-CACH », a dit Martin Fayulu dans un message aux Congolais. Patrick Nkanga, haut cadre du PPRD, parti de l’ancien président Kabila, déclare : « Nous savons que la violation des textes est devenue le principe et son respect l’exception. »
Reconnu pour son mutisme légendaire, Joseph Kabila, qui s’est retiré dans sa ferme privée de Kashamata, dans son fief de Lubumbashi, dans le sud-est du pays, n’a fait aucun commentaire quant à la transhumance politique en cours. En clair, encore des manœuvres politiques qui n’ont pour seul objectif que les futures élections générales de 2023. Cette situation, c’est l’activiste des droits humains Jean-Claude Katende qui la résume le mieux : « À entendre les politiciens congolais, ils sont plus préoccupés par les postes que par le devenir du pays ! Dieu vous voit », a-t-il publié dans un Tweet, très relayé.
(Source : Le Point – Publié le 27/01/2021 à 14:53 – Par Junior Malula, à Kinshasa)
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Paola

Jean-Claude Katende

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