Afrique – La colonisation de Sao-Tomé

Bonjour à toutes & tous, je voudrais en cet après-midi, partager avec vous un article paru dans le journal “Géo” que j’ai trouvé très intéressant.
Je le partage tel quel, j’ai juste rajouté quelques images.
La colonisation de l’île africaine de Sao Tomé,  commencée à la fin du XVe siècle sous le règne du “roi sévère et parfait” João II (1455-1495), fut une rupture avec les premières expériences coloniales portugaises menées jusqu’ici dans les îles des Açores, de Madère et du Cap-Vert. Grand défenseur de la politique d’exploration de l’océan Atlantique commencée par son grand-oncle, le prince Henrique, João II fit de l’expansionnisme portugais la priorité de son gouvernement et il ne s’imposa aucune limite.

Sao Tomé, le projet colonial du “roi Sévère”

Tout commença en 1471, lorsque les navigateurs portugais Pedro de Escobar et João de Santarem aperçurent, depuis l’entrepont de leurs caravelles, une terre à la végétation luxuriante située à 239 kilomètres des côtes de l’actuel Gabon. Les rivages de l’Afrique de l’Ouest ne leur étaient pourtant pas inconnus puisque, depuis 1415, les marchands portugais avaient tissé des liens avec les puissants royaumes du Kongo et du Bénin  auxquels ils achetaient de l’or et… des esclaves. «Aux XVe et XVIe siècles, 700 000 esclaves africains sont arrivés à Lisbonne pour être vendus dans toute l’Europe », explique l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, auteur des Routes de l’esclavage (éd. Albin Michel, 2018).

L’île de São Tomé, volcanique et forestière, ne fut pas immédiatement peuplée d’esclaves, mais João II, qui avait toute autorité à Lisbonne  après avoir fait supprimer ses rivaux, y envoya, à partir des années 1480, une première colonie constituée de juifs et autres populations jugées «indésirables». Tous moururent à cause des conditions climatiques et des maladies tropicales. Une épine dans le pied du roi, qui désirait à tout prix faire de cette île sauvage une étape stratégique sur les routes maritimes portugaises en Afrique de l’Ouest. Le souverain, qui s’était proclamé «seigneur des seigneurs» et ne souffrait aucune contrariété, demanda alors à ses conseillers d’élaborer une autre stratégie pour peupler São Tomé de façon pérenne.
L’idée du métissage fit son chemin.

C’est ainsi qu’en 1492, pendant que Christophe Colomb découvrait le Nouveau Monde, João II confia la colonisation de l’île africaine à l’explorateur Alvaro Caminha. Ce dernier emmena de force avec lui plus de 2 000 enfants juifs âgés de 2 à 14 ans, arrachés à leurs familles. Un rapt mené sans l’accord du Vatican, alors empêtré dans une crise dynastique… «Convertis au christianisme dans les cris et les larmes, ces jeunes déportés furent forcés, une fois sur l’île, à s’unir à des esclaves africains», détaille l’historien Antoniode Almeida Mendes, auteur de Les Traites et les esclavages (éd. Karthala, 2010). Le but ? Obtenir un croisement entre Blancs et Noirs voué à produire un métis, donc un esclave nouveau capable de résister aux fièvres et à la rudesse des conditions de travail sur l’île. La machine infernale était lancée. À la mort de João II, en 1495, son successeur, ManuelIer (1469-1521) poursuivit la terrible politique du «roi sévère » sur São Tomé.

La colonisation de l’île fut accompagnée d’une violence extrême. «La durée de vie d’un esclave masculin était de trois ou quatre ans, pas plus», avance Antonio de Almeida Mendes. L’île devint ensuite le laboratoire d’un mode d’asservissement destiné à satisfaire les besoins d’une forme alors inédite de production industrielle : la culture intensive de la canne à sucre. Jusqu’en 1530, São Tomé produisit en effet 80 % du sucre mondial. À Lisbonne, on considérait l’île comme le «joyau de l’empire», où l’activité sucrière dictait alors tous les aspects de la vie. Des milliers de captifs, originaires du delta du Niger et de l’intérieur du royaume du Kongo, un ancien empire d’Afrique centrale, travaillaient sans relâche dans les plantations. Un vocabulaire spécifique fut même mis en place. On qualifiait désormais les esclaves adultes de peças da India («pièces d’Inde»). Une femme âgée de 20 à 25 ans, par exemple, valait le tiers d’une «pièce» masculine du même âge.

L’île reçut quelque 4 000 esclaves par an pendant un siècle. Les conditions de travail étaient inhumaines. Transformés en bêtes de somme, les hommes n’étaient ni nourris, ni habillés, et les feitores, leurs maîtres, ne leur fournissaient aucun abri. Les journées de travail duraient environ quatorze heures sous un climat chaud et humide. La mise en terre des plants de canne à sucre, dont certains dépassaient deux mètres de hauteur, était une tâche harassante. Bien évidemment, les esclaves n’étaient pas soignés. On se contentait de les remplacer sitôt qu’ils succombaient à cette vie de forçat.

Ce traitement provoqua une première révolte en 1522, durement réprimée. Une communauté d’insurgés, les marrones, terme provenant de l’espagnol cimarron («qui vit sur les cimes»), se réfugia sur les hauteurs de l’île. Au coeur de la forêt, d’autres esclaves fugitifs organisèrent, eux, des mocambos, des groupes s’armant tant bien que mal pour résister. «Les répressions [étaient] terribles car Lisbonne, très préoccupée par ces événements, [décida] alors de créer un corps de soldats pour chasser ces rebelles installés dans le sud de l’île», explique Catherine Coquery-Vidrovitch.

L’épisode, en 1595, d’une mutinerie menée par un esclave marron, doublé de l’essor de l’économie sucrière exigeant des terres de plus en plus vastes, poussa les colons à implanter des champs de canne à sucre non plus à São Tomé, mais dans un territoire situé de l’autre côté de l’Atlantique, le Nordeste brésilien. Et à y reproduire le même modèle esclavagiste, mais à une échelle inégalée. Tout en conservant le rôle d’usine à esclaves de l’île africaine.
Six millions de personnes furent déportées entre le XVIe et le XVIIIe siècle depuis São Tomé, qui devint ainsi un gigantesque entrepôt pour le commerce d’êtres humains. La traite négrière changea de dimension et s’industrialisa. À l’époque, «on déterminait qu’un marchand devait fournir 20 000 esclaves par an, on signait des contrats sur des têtes et on comptait cette marchandise par lots», souligne Antonio de Almeida Mendes.

À São Tomé, les hommes vivaient enchaînés les uns aux autres dans des baraquements où ils étaient surveillés par des Portugais armés de fouets. «Dans certains camps, ils étaient plus de 5 000 à attendre des semaines entières leur déportation, pour être ensuite vendus sur des marchés brésiliens », ajoute l’historien. La sélection était drastique. On achetait son esclave en fonction de son âge et de sa corpulence. On observait les dents et le blanc de l’œil pour repérer des maladies éventuelles. Les prix variaient en fonction de l’état physique et de l’espérance de vie, donc de la rentabilité de la peça.

«La traite transatlantique mise en place par les Portugais fut responsable de l’exportation de plus de 20 millions de personnes depuis l’Afrique de l’Ouest», résume Antonio de Almeida Mendes.Ce commerce dura jusqu’au XVIIIe siècle, lorsque le Portugal décida officiellement, en 1761, d’abolir l’esclavage au sein de son empire colonial. Mais le financement du commerce de la canne à sucre, du café et du cacao par de grands groupes bancaires n’améliora en rien le statut des descendants des esclaves santoméens.
«Quem mostrava esse caminho longe ? Esse caminho pa São Tomé ?» («Qui a montré ce long chemin ? Ce chemin jusqu’à São Tomé ?»), chantait Cesaria Evora, dans son fameux titre Sodade (1992), en mémoire de ses compatriotes cap-verdiens jadis exilés de force dans l’île. Une ballade mélancolique, en souvenir de la cruelle entreprise du roi João II.
(Source : Géo)

Comme vous le constatez chers(es) lectrices & lecteurs du monde, nous ne savons pas tout sur la traite négrière, mais certains magasines osent s’aventurer sur ce chemin que l’on veut cacher, que l’on cache à nos enfants sur les bancs des écoles et beaucoup de pays pratiquent allègrement l’esclavage par ascendance et tout le monde à l’air de trouver cela normal.
Sauf moi bien évidemment, car il y a des millions d’années nos ancêtres lointains venaient toutes & tous du berceau de l’humanité.
C’est sur ces paroles que je vous abandonne, je vous retrouverais demain, en attendant, je vous souhaite à toutes & tous un agréable après-midi remplit de choses positives.
Les images posées sur cet article ne sont pas ma propriété, ni celles du site.
Paola

A propos Paola

Mon pseudo "Kaki Sainte Anne" Ecrivaine, mais je suis Béatrice Vasseur et je signe tous mes articles ici sous le nom de "Paola"
Ce contenu a été publié dans Afrique, Les Mots de Paula, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.