Afrique – Un peu de Mory Kanté (Suite & fin)


Comme promis hier, nous allons terminer cette journée avec la suite de la vie de ce grand musicien qu’était Mory Kanté.
Celui qu’on surnomme désormais ‘le griot électrique” atteint l’année en 1987, les sommets du succès avec son nouvel album Akwaba Beach. Enregistré avec la collaboration du producteur anglais Nick Patrick, sous l’œil bienveillant et complice du président de Barclay, Philippe Constantin, ce disque marque le triomphe du funk mandingue grâce à un titre particulier, Yéké yéké qui explose les hits-parades du monde entier, à commencer par les Pays-bas.  Ce titre composé au début des années 1980 se trouvait déjà sur l’album Mory Kanté à Paris mais insatisfait de cette première version, il décide de le réenregistrer.
Ce nouvel enregistrement connaît alors un succès fulgurant, sur lequel des publics du monde entier vont danser. En quelques années, le 45 tours atteint des sommets de vente chiffrés en millions d’exemplaires et fait l’objet d’innombrables remixes, adaptations et reprises en hébreu, arabe, chinois, hindi, portugais, anglais ou espagnol. Avec Yéké yéké, Mory Kanté devient l’artiste africain le plus vendu et peut-être le plus connu à travers le monde. En , ce titre atteint la première place du classement pan-européen établi par le fameux hebdomadaire professionnel américain Billboard.

Juste après avoir reçu un disque d’or en en France, Mory Kanté est récompensé en novembre à Paris par la victoire de la musique  du meilleur album francophone.
En janvier 1990, il retrouve les studios à Bruxelles puis à Los Angeles, pour mettre au point son album Touma (Le Moment). Pour l’occasion, et fort de sa notoriété, il s’entoure de grands noms dont le guitariste chicano-américain Carlos Santana (très connu en Afrique), ou le Sud-Africain, Ray Phiri. La démarche est la même que pour Akwaba Beach et présente un mélange subtil et sophistiqué de pop et de tradition mandingue. L’album sort en . Souffrant et bénéficiant à la fois du succès géant de l’album précédent, les ventes ne dépassent guère le disque d’or en France et atteignent le million à l’étranger.

Le , il représente la France avec Khaleb lors d’un concert géant à News York dans Central Park devant des milliers de New-Yorkais. En novembre, toujours à New York, il participe à un Gala dans le célèbre Apollo de Harlem qui a vu débuter son idole, James Brown. Au début des années 1990, Mory Kanté songe sérieusement à revenir plus sout sur sa terre natale. Comme le noble Malien Salif Keïta, le griot guinéen souhaite utiliser son nom et ses moyens financiers pour aider ses compatriotes, en particulier les plus jeunes. C’est ainsi qu’il projette de monter à Conakry un complexe culturel du nom de “Nongo Village”, comprenant entre autres un studio, un centre de formation aux métiers du spectacle, un hôtel et un musée des griots.
Dans une Guinée en crise, le projet aura du mal à voir le jour. D’autre part, il réalise un autre de ses nombreux projets, avec la création d’un orchestre philharmonique d’une trentaine de koras, et autant de harpes, violons et flûtes. Avec une formation réduite, il investit trois jours durant le kiosque du Jardin du Luxembourg pour le Festival Paris quartier d’été, jouant devant plus de 6 000 personnes.
Puis, avec l’Ensemble traditionnel de Guinée, composé de 130 musiciens, il se produit en 1991 pour l’inauguration de la Grande Arche de la Défense à Paris.

C’est chez lui, en Guinée, que la star de l’afro-dance enregistre son nouvel album Nongo Village, du nom de son studio. Parmi les onze titres mixés à New York et Paris, c’est La Tension qui semble destiné à conquérir les foules et à envahir les pistes de danse dans la même lignée que Yéké Yéké. Dans ce disque, Mory Kanté réintègre le balafon qui détrône les guitares. Le premier extrait sort en , suivi de l’album à l’automne. L’accueil est moyen et certains lui reprochent de se perdre un peu dans une recette qui manque de renouvellement.
En 1994, Mory Kanté reçoit le “Griot d’Or”. Le , il chante à Deauville, station balnéaire de Normandie, puis entame une tournée européenne puis canadienne.
Après toutes ces années de succès, Mory Kanté choisit de retrouver une musique plus familiale, plus traditionnelle. Peut-être un peu las de son image de “griot électrique”, le Guinéen se tourne vers ses sources et vers une pratique plus authentique de son art et de son métier.

En 1996, Mory Kanté sort un album auto-produit afin de conserver une certaine indépendance de création. En effet, l’album Tatebola se met à l’heure de la techno.
Mais les bases rythmiques de la techno ne sont peut-être pas si éloignées des percussions ancestrales et les inspirations musicales de ce disque se veulent proches des origines mandingues. L’album est bien accueilli par la critique et le public heureux de retrouver le griot sur scène à La Cigalle en mars 1997.
En juillet 1997 Mory Kanté est présent au Womad Festival à Reading en Grande Bretagne, en août à l’Ile Maurice, puis en septembre en Autriche. La notoriété des années passées s’essouffle un peu, mais Yéké Yéké demeure une éternelle carte de visite pour l’artiste guinéen dont le travail conserve toujours une qualité de haut niveau.
Il faut attendre 2001 pour retrouver Mory Kanté. C’est en juin de cette année qu’il sort Tamala (Le Voyageur) après un long silence.

Âgé de 51 ans, le musicien n’a pourtant cessé de tourner à travers le monde, mais sans guère d’escale française. Cette fois, on le retrouve avec un album dans l’afro funk mandingue qui a fait son succès il y a quinze ans. La part d’instruments traditionnels est importante et donne une saveur plus douce et moins électronique à l’ensemble. C’est l’Anglais Paul Borg qui produit le disque sur lequel on trouve toujours de nombreuses influences, hip hop, gitane, ou soul via un duo avec la diva du rhythm and blues britannique, Shola Ama. En 2004 sort son album, Sabou. Son dernier album, La Guinéenne, est sorti en 2012. 

Hospitalisé à Conakry, Mory Kanté meurt le 22 mai 2020 à l’âge de 70 ans. Sa mort est annoncée par son fils Balla Kanté. Après sa disparition, de nombreuses personnalités politiques et du monde de la culture lui rendent hommage. Le président guinéen Alpha Condé déclare que “La culture africaine est en deuil”, le président sénégalais Macky Sall estime quant à lui que “l’Afrique vient de perdre un de ses dignes fils”, tandis que le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo affirme que “L’Afrique a perdu une icône”. Le chanteur sénégalais Youssou N’Dour pleure la perte de son ‘frère aîné, sa référence” et déclare qu’avec celle-ci s’éteint “un baobab de la culture africaine”. Le chanteur et rappeur Black M lui rend hommage en 2022 dans son clip On va yéyé. En 2001, Mory Kanté avait été nommé Ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture  (ONUAA ou FAO en anglais : Food and Agriculture Organization), organisme spécialisé de l’ONU créé en 1945 au Québec (Canada) dont l’objectif est de “construire un monde libéré de la faim”.
Voilà ce sera tout pour aujourd’hui, je repasserais demain si j’ai un peu de temps vu qu’en ce moment je le passe à me reposer. Très bonne fin de journée à toutes & tous.
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Paola


A propos Paola

Mon pseudo "Kaki Sainte Anne" Ecrivaine, mais je suis Béatrice Vasseur et je signe tous mes articles ici sous le nom de "Paola"
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